Article paru dans les Dernières Nouvelles d’Alsace le 12 novembre 2014

DNA

 

 

Trinquons à la maison du distillateur

Le musée consacré aux eaux-de-vie et au whisky des frères Meyer de Hohwarth a un nom : la maison du distillateur. Il ouvrira demain à Châtenois, sur le site de l’ancienne distillerie Leguil en bordure de route départementale.

« Le Wurzel qui avait trop froid sur la colline, est venu se réfugier dans la maison du distillateur », sourit Lionel Meyer, dans un clin d’œil au célèbre personnage de la vallée de Ville qui est devenu la mascotte de leur musée dédié aux eaux-de-vie et au whisky. La concrétisation d’un projet de plusieurs mois pour le distillateur et son frère Arnaud, propriétaires de la distillerie Meyer de Hohwarth, qui ont fait le pari de transformer l’ancienne distillerie Leguil en établissement retraçant l’histoire d’un savoir-faire.

Le Wurzel a trouvé sa place sur la façade de la maison du distillateur.

Le Wurzel a trouvé sa place sur la façade de la maison du distillateur.

« C’est avant tout notre musée »

Le musée n’omet pas de faire la part belle à la vallée de Ville dont les Meyer sont originaires. «Celui-ci ne se trouve pas dans la vallée mais à Châtenois, en bordure d’une route départementale qui voit passer plus de 10 000 voitures par jour. Pourtant la borne se trouve à une centaine de mètres… », explique Lionel Meyer tout en précisant que ce projet « n’a rien à voir avec la route des eaux-de-vie. C’est un musée privé qui évoque l’histoire des Meyer, parce que c’est avant tout notre musée, mais qui revient aussi sur l’histoire des bouilleurs de crus de la vallée, sur les différents types d’eaux-de-vie que l’on peut trouver dans le monde et sur le procédé de fabrication. »

Une salle de projection a été prévue. Y sera diffusé un film, entre documentaire et fiction.

Une salle de projection a été prévue. Y sera diffusé un film, entre documentaire et fiction.

Une fois passé la porte d’entrée de la maison du distillateur, le visiteur se trouvera dans un vaste hall central où il devra s’acquitter d’un billet: 4€ (dégustation comprise), 2€ pour un enfant. Puis il pourra se laisser guider par un sens de visite incontournable où il se plongera dans l’aventure de la distillation et intégrera la culture de la distillerie grâce à de grands panneaux, traduits en anglais et en allemand. Mais pas seulement. Il sera happé par une tablette tactile interactive, un film, entre le documentaire et la fiction, qui sera projeté dans une salle ou, plus loin, un odorama… Il s’agira de humer les différentes eaux de vie de synthèse reproduites ici.

Une rangée de tonneaux sera également exposée.

Une rangée de tonneaux sera également exposée.

Du moderne oui, mais un musée des eaux de vie n’en serait pas un sans ses alambics. D’authentiques alambics, qui ont plusieurs ans d’âge. Ceux du grand père Meyer par exemple, qui restés dans la famille, seront exposés dans les allées du musée ainsi qu’un gros alambic destine au cognac que le père Meyer avait acheté. Une ancienne « égrappeuse », soit cette machine qui permet de récolter le marc de raisin, sera également intégrée a la visite. Des souvenirs d’une distillation dont les outils se sont perfectionnes aujourd’hui.

L’idée pour les frères Meyer n’était pas d’effacer les traces de l’ancienne distillerie Legoll. Car une distillerie qui disparaît, c’est un patrimoine qui disparaît avec elle. « II y avait à l’époque une vingtaine de distilleries dans la vallée », les seules qui restent aujourd’hui sont à compter sur les doigts d’une main…

Une grande vitrine a été installée dans la maison du distillateur afin d’avoir une vue sur l’ancienne salle de distillation Legoll. « Nous avons voulu la laisser dans son jus. Nous n’avons fait que la restaurer », explique le distillateur de Hohwarth.

Le visiteur est invité à plonger dans I'univers de la distillation PHOTOS DNA/FRANCK DELHOMME

Le visiteur est invité à plonger dans I’univers de la distillation PHOTOS DNA/FRANCK DELHOMME

« La part des anges »

Restait encore a savoir quoi faire du bâtiment arrière qui fait partie des 1300m2 de superficie de l’ancienne friche. Une autre vitrine permettra d’y voir le chai des Meyer: les whiskies en fut de chêne seront déménagés de Hohwarth afin d’y être entreposés à l’arrière du musée, visibles de tous. Une animation est prévue à cet endroit. « Ce sera le moment d’expliquer ce qu’est la part des anges », ce processus qui fait s’évaporer une partie du volume d’un alcool durant son vieillissement en fût. Puis le circuit se bouclera par le magasin qui comprend un espace dévolu à la dégustation. Des bouteilles estampillées Meyer pourront être achetées « mais aussi des produits du terroir alsaciens lies aux fruits ».

Les Meyer ont prévu quatre embauches pour faire tourner leur musée qui fonctionnera du mardi au dimanche de 9 h a 12 h et de 14 h a 18 h, toute l’année. La maison du distillateur ouvrira ses portes au public demain. Lionel Meyer regarde maintenant vers le futur en espérant que ce musée jouera un rôle de vitrine aux portes de la vallée de Villé, pour la distillerie familiale qui n’avait pas la place pour accueillir un tel musée.

AURORE BAC

Lire l’article original : 2014-11-12-1155-DERNIERES_NOUVELLES_D_ALSACE-1-2